bulletin 57 - Printemps 2024
32 pages d’actualités locales, sur l’environnement, le patrimoine, …
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ÉDITO
Nous sommes au point de rupture écologique
Avons-nous encore le temps d’une transition ? Rapport après rapport, les autorités scientifiques sont claires : les politiques publiques actuelles de tous les pays du monde ne sont pas à la hauteur de l’urgence climatique.
L’abandon du plan Ecophyto, le soutien à la bagnole électrique, la relance du nucléaire ou la destruction des arbres avenue de Norwitch à Dole témoignent de l’inadéquation des décisions publiques aux enjeux actuels. Pour dépasser cette impuissance collective, il faudra un soulèvement écologique. Sept des neuf limites planétaires(1) sont déjà dépassées et il est sans doute trop tard pour se demander comment décarboner nos activités… Il nous faudra bientôt décider ce que l’on garde, parce que c’est vital, indispensable ou seulement sublime hors de toute utilité pratique. Le soulèvement, c’est changer de manière d’être au monde.
Au lieu d’annonces générales d’objectifs lointains, à 2040 ou 2050, il faut quelques décisions immédiatement suivies d’effets. Comme par exemple réduire immédiatement les émissions de gaz à effet de serre liées à l’élevage en adoptant un moratoire sur les fermes usines et en accompagnant les éleveurs pour réduire leur cheptel. Le soulèvement peut être extrêmement concret et rapide !
Garder le système actuel en tentant d’y faire rentrer la contrainte écologique, c’est prendre le problème à l’envers. Il y a des limites planétaires à l’intérieur desquelles s’inscrivent le monde et notre société, que ça nous plaise ou non ! L’urgence écologique est la seule chose que l’on ne peut pas négocier et cacher une vérité ne la fait pas disparaître. Nous sommes au point de rupture écologique.
Ne soyons plus naïfs : il y a des profiteurs climatiques qui s’organisent pour s’assurer de l’immobilisme et préserver leurs intérêts. Il est fondamental de continuer inlassablement à convaincre, mais peut-on encore attendre que tout le monde le soit ? Pouvoir se projeter dans l’avenir et avoir des enfants n’est-il pas une liberté plus importante à défendre que celle de prendre l’avion plusieurs fois par an ? Préserver les conditions de vie sur terre doit-il être rendu désirable pour que l’on daigne s’y intéresser ? L’accès à des ressources qui se raréfient est un facteur majeur de conflit. Nos dépendances, notamment aux énergies fossiles, financent des guerres. Se battre pour la transition énergétique, c’est œuvrer pour la paix. Pour se décider à agir il faut de la lucidité et du courage.'' Radical veut dire aller à la racine du problème. Il ne peut y avoir une réponse à la hauteur que radicale.''
Les émotions jouent aussi un rôle central : la rencontre avec le beau, un territoire que l’on refuse de voir disparaître, une émotion de joie, d’amour ou de colère et d’injustice. La peur aussi est un puissant levier. Et aujourd’hui, on peut légitimement craindre pour nos corps et nos vies.
Par Pascal Blain, président
(1)limites planétaires : https://www.stockholmresilience.org/research/planetary-boundaries.html