Un incident discret mais inquiétant à Valduc.

Un article de Mediapart reprend des extraits d’un avis de l’IRSN, institut d’expertise sur la sûreté nucléaire devenu Autorité de Sûreté Nucléaire et de Radioprotection (ASNR) au 1er janvier 2025 suite à sa fusion avec l’Autorité de Sûreté Nucléaire actée par la loi du 21 mai 2024.

On y découvre que suite à l’incident survenu sur le site du Commissariat à l’Énergie Atomique (CEA) de Côte-d’Or où sont fabriquées des parties nucléaires des armes de dissuasion, des boues (rebuts d’un méthaniseur et contaminées au tritium, l’isotope radioactif de l’hydrogène, radioélément particulièrement mobile) sont chargées à bord d’un camion et transportées jusqu’à la station de traitement des eaux usées de Longvic, au sud de Dijon.

Contrairement aux obligations de transparence, l’information a tardé à être officiellement rendue publique. La « mise en œuvre de la transparence » fait partie des missions de l’ASNR, reste à en faire la démonstration.

Interrogé sur l’opération de maintenance ayant engendré l’incident des boues radioactives en septembre 2024 au sein de sa structure, le CEA Valduc a indiqué au Bien Public en février 2025 que la « station d’épuration de Valduc, construite en 1995, nécessitait une opération de jouvence et en particulier le remplacement du pont racleur des boues. Ces travaux, exceptionnels, ont été confiés à une entreprise spécialisée mais qui n’était pas familière des activités du centre de Valduc ». Ce dernier précise que cette opération, à caractère exceptionnel, avait établi un protocole prévoyant « que tous les effluents générés par cette vidange et le nettoyage du bassin clarificateur soient réintroduits en tête de cycle de la station d’épuration de Valduc, pour y être traités et contrôlés comme tous les effluents du centre ».

Une faille dans le protocole

Le CEA Valduc, pour expliquer l’incident, avance cependant que ces effluents n’ont pu être entièrement réinjectés, « du fait de la concentration élevée de matières en suspension qui aurait perturbé l’équilibre de l’écosystème de la station de Valduc ». Ces mêmes effluents qui auraient ainsi « dû être stockés pour pouvoir être traités ultérieurement sur le site ».

Mais contrairement au « protocole établi par les deux parties, le prestataire en charge de ce chantier a pris l’initiative de faire évacuer ces effluents vers la station d’épuration de Longvic ».

Une pratique visiblement habituelle dans d’autres stations d’épurations pour le prestataire, mais non autorisée dans ce cas précis. « Suite à cet évènement, une inspection de sûreté réactive a été diligentée le 25 septembre 2024 par l’autorité de sûreté (ASND) », menant à la sensibilisation des prestataires impliqués dans l’exploitation de la station d’épuration de Valduc à la spécificité nucléaire », explique le CEA dans sa réponse.