où en sommes-nous vraiment ?

Depuis la crise sanitaire de 2020, le début de la guerre en Ukraine en 2022 et l’inflation que l’on connait depuis, les consommateurs ont réorienté leurs dépenses alimentaires, et les produits certifiés agriculture biologique sont aussi victimes de cette baisse de la consommation.

OÙ EN EST LA FILIÈRE EN CE DÉBUT D’ANNÉE 2025 ?

L’année commence en demi-teinte pour la bio, avec des victoires notables, mais des mesures encore insuffisantes aux yeux des agriculteurs biologiques. Après plusieurs semaines de doutes sur la position gouvernementale concernant le devenir de l’agriculture biologique, des mesures concrètes ont été prises par le gouvernement, lui permettant ainsi de se remettre sur les rails d’un engagement clair. Parmi ces mesures : le maintien de l’Agence Bio, menacée de suppression dans une proposition d’amendement portée par Laurent Duplomb, figure de la droite sénatoriale en matière agricole et ancien président de chambre d’agriculture FNSEA, lors de l’étude du Projet de Loi de Finances et vivement critiquée par la filière et la société civile, en témoigne cette tribune publiée par Le Monde qui fédère plus de 1500 signataires.

Aussi, après de nombreuses hésitations et une mobilisation importante du réseau bio pour maintenir un cap clair, le gouvernement a finalement accepté de mentionner l’inscription de la bio dans la loi de souveraineté agricole et alimentaire, notamment à travers un objectif de 21% de surfaces bio en 2030 et la place de la bio dans les formations et parcours d’installation. Pour autant, la vision du Ministère pour atteindre ces objectifs demeure encore floue, d’où la persistance des fortes attentes des agriculteurs bio pour avoir un cap stable.

BIO BOURGOGNE–FRANCHE-COMTÉ, L’ASSOCIATION RÉGIONALE DE DÉVELOPPEMENT DE L’AGRICULTURE BIOLOGIQUE

Depuis l’été 2023, l’association régionale BIO Bourgogne–France-Comté fédère le réseau bio régional anciennement représenté par BIO BOURGOGNE et Interbio Franche-Comté. Forte de 30 ans d’expérience et une trentaine de salariés 100% dédiés à la bio, l’association accompagne la filière sous toutes ses formes : appui technique des producteurs, structuration des filières, accompagnement des projets de territoires avec les collectivités, sensibilisation des consommateurs… En 2023, la Bourgogne–Franche-Comté compte plus de 3 500 fermes bio sur près de 245 000 hectares selon l’ORAB, Observatoire Régional de l’Agriculture Biologique. Cela représente 15% des fermes de la région, et 10% des surfaces agricoles utiles. Certaines productions dominent la région, c’est notamment le cas des grandes cultures bio et de la viticulture bio.

Le ralentissement des conversions est un constat partagé à l’échelle régionale. En conséquence, la Bourgogne Franche-Comté connaît pour la première fois depuis 20 ans une baisse historique de ses surfaces.

LA RESTAURATION COLLECTIVE, UN DÉBOUCHÉ PRIVILÉGIÉ À SOLLICITER

Face à la situation, l’association BIO Bourgogne–Franche-Comté renforce ses actions auprès de chaque acteur de la filière, en particulier concernant la restauration collective. Si les écoles primaires sont sur une bonne lancée avec en moyenne 23% de bio dans leurs achats, les centres médico-sociaux et établissements de santé sont à la traîne et ne dépassent pas les 4 %. La loi Egalim, adoptée en 2018, a fixé un objectif ambitieux pour la restauration collective : 50% de produits durables et de qualité, dont 20% de produits biologiques d’ici 2022.

Mais la réalité de terrain est loin d’atteindre ce pourcentage — on serait à 14% en 2024 — et c’est pourquoi l’association travaille avec des établissements scolaires de toute la région afin de favoriser l’introduction de produits bio, dynamiser les filières et ainsi inciter les installations en agriculture biologique. Les interlocuteurs sont nombreux : le Conseil Régional gère les lycées et les Départements administrent les collèges… et les gestionnaires restent personnels de l’Éducation Nationale !

POUR PLUS DE BIO DANS LES TERRITOIRES

Une dynamique collective avec un appui individuel pour mettre plus de bio dans les assiettes de quatre lycées de Dole et Mouchard : voici le projet porté par BIO Bourgogne–Franche-Comté (BIO BFC). L’objectif fixé par le Conseil Régional : atteindre 75% de produits locaux et bio dans les assiettes des lycéens. Pour y parvenir, l’association déploie un accompagnement spécifique autour d’un mot d’ordre : entraide. C’est ensemble que les lycées Duhamel, Charles Nodier et Jacques Prévert de Dole, ainsi que le lycée Du Bois à Mouchard vont travailler pour augmenter le pourcentage de leurs produits bio. À travers plusieurs temps de rencontres, mais aussi des rendez-vous individuels, l’accompagnement de BIO BFC leur permettra de monter en compétences et de bénéficier de conseils personnalisés.

Au programme pour les personnels : visite de ferme, mise en relation entre producteurs et cuisiniers ou encore ateliers cuisine autour de nouvelles recettes bio : les lycéens n’auront plus qu’à se régaler en mangeant bio et local !

Laurence Henriot, présidente de BIO BFC

laurence.henriot@biobfc.org

lire l’article dans le bulletin

Focus sur le Jura

Le Jura compte 505 fermes bio, dont une grande majorité en viticulture (28%), mais aussi en bovins lait (18%) et légumes (11%). En 2024, 34 nouvelles fermes se sont créées, permettant de conserver une dynamique face aux 20 arrêts recensés cette même année. Les surfaces bio augmentent quant à elles plus timidement, en raison d’une baisse des surfaces en conversion (2 200 ha en 2024 contre 3 400 ha en 2023). On compte en 2024 près de 28 000 hectares bio et en conversion dans le Jura, ce qui fait du département l’un des meilleurs élèves de la région avec 14,3% de surfaces bio.

Collectif des fromages bio du Massif Jurassien

Une association est née en février 2025, les producteurs de lait bio comptent bien s’implanter un peu plus en Franche-Comté  ! Accompagnés par les salariés de BIO BFC depuis 3 ans, plusieurs éleveurs bio et acteurs de la filière lait bio AOP ont décidé de se rassembler pour partager leurs pratiques et valoriser leurs produits. Les quatre appellations d’origine protégée du Massif jurassien — Comté, Morbier, Mont d’Or et Bleu de Gex — sont produites par ces éleveurs en agriculture biologique. Bénéficiant donc du double label AOP et bio, gages de qualité, de respect des animaux et de l’environnement au service du goût et de la santé, ces fromages méritent d’être mieux connus des consommateurs. Le collectif prépare des événements à destination du grand public sur les fermes et fromageries pour faire découvrir travail et produits : des fêtes bio sont donc à venir dans tout le Massif Jurassien !

En savoir + : Benjamin Vieille, président écrire un mail à l’association