Un fiasco annoncé dans les Vosges
Le grand tétras vient de disparaître des Vosges en raison de « la dégradation de son territoire »
Le 16 avril 2024, la préfecture des Vosges autorise l’introduction en 5 ans de 200 grands tétras prélevés en Norvège (où la population est estimée à 200 000 individus) pour tenter un repeuplement après l’extinction de l’espèce.
Le coût de l’opération est de 200.000 euros par an pendant cinq ans. Les premiers lâchers prévus dans le parc du Grand Ventron pourraient être élargis ensuite à deux autres massifs. La plupart des naturalistes estiment cette opération vouée à l’échec.
Dans le parc national des Cévennes où plus de 600 oiseaux ont été lâchés en 30 ans, pas un seul n’a survécu. Le Groupe Tétras Vosges estimait la population à 3 individus en 2023 au bord de l’extinction. Pour 2024, aucun n’a encore été contacté à début mai.
Difficile de croire que l’on continuera à préserver les milieux du tétras alors que justement on n’a pas réussi à y parvenir tant qu’il en demeurait, et que bien des projets d’aménagements touristiques et commerciaux portés par le Parc et les collectivités sont dans les cartons…Le grand tétras est le plus gros oiseau des forêts d’Europe. il fait partie de la famille des gallinacés de montagne et vit dans les zones forestières entre 900 et 2 400 mètres d’altitude.
Nombreuses sont les réintroductions couronnées de succès en France : vautours, ours, castor, lynx. On peut leur préférer un retour naturel comme pour le loup, les grands-ducs, chevêchettes, cigognes noires… Mais pour le Grand Tétras, oiseau plus exigeant, partout en Europe où elles ont été tentées, les réintroductions se sont toutes soldées par un échec…
Par ailleurs, l’Agence norvégienne de l’environnement autorise la capture de 50 oiseaux sur 5 ans, soit 10 par an, bien loin de l’annonce de 40 oiseaux introduits par an durant 5 ans.
Ce projet illustrera probablement ce qu’il faut éviter d’engager à l’avenir.peut-on forcer une espèce à vivre là où elle ne peut pas vivre ?
« Notre priorité absolue devrait être non pas de s’occuper d’une unique espèce qui ne peut plus vivre ici, comme ce sera le cas, hélas, de bien d’autres à l’avenir, mais de focaliser notre attention et notre énergie sur la conservation et la reconquête de nos forêts de montagne, avec toute la diversité d’espèces animales, végétales, fongiques et microbiennes qui les composent, les structurent et les rendent uniques. Nous avons tant à y gagner en termes de connaissance, d’émerveillement, de respect, de ressourcement, de poésie et de sécurité » conclu le photographe naturaliste Vincent Munier, connu pour sa quête de “la panthère des neiges”.
Comme le photographe, les associations de défense de l’environnement, appellent plutôt l’État à concentrer ses efforts pour préserver la forêt, la diversifier, et agir contre la surfréquentation touristique.