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ÉDITO

La sobriété sous-tend un impératif de justice sociale

Notre dépendance massive à l’égard de l’énergie russe est la principale raison pour laquelle nous n’avons pas fait face à Poutine jusqu’à aujourd’hui.

‘‘ Ce n’est pas seulement pour le climat, que nous devons accélérer la transition énergétique, c’est pour notre santé (lire notre dossier), notre sécurité, et pour la résilience de notre économie. . ’’

La sobriété, longtemps boudée et caricaturée, est désormais sur toutes les lèvres, y compris celles du Gouvernement. Et c’est tant mieux (même si à demi-mot on laisse à croire qu’il s’agirait de traverser une énième crise conjoncturelle…). La sobriété est bien un levier incontournable pour atteindre les objectifs climatiques. Sous condition que l’effort soit équitablement réparti et que l’efficacité des mesures prises en ce sens puisse être vérifiée.

Ah l’été ! Montagnes, plages, coquillages et crustacés ? Cette année, ce fut plutôt inondations, sécheresses, canicules, feux de forêts et autres désastres écologiques aux quatre coins du monde… Après cette séquence où chacun a ressenti une fois de plus les effets du changement climatique, l’hiver s’annonce difficile. Nous n’en serions évidemment pas là si jusqu’à présent, au-delà des mots, davantage d’actions avaient été concrètement engagées pour faire.

Réduire notre dépendance sur le plan énergétique exige de redoubler d’efforts le plus rapidement possible même si l’accélération des procédures ne doit pas se faire au risque de porter atteinte à la biodiversité, notre alliée incontournable dans la lutte contre le réchauffement climatique.

Mais alors que seules les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique peuvent nous donner l’autonomie stratégique recherchée, le président et son gouvernement ont confisqué tout débat public sur les choix énergétiques. Emmanuel Macron a décidé seul, et sans aucune réelle consultation démocratique, de relancer l’industrie nucléaire.

Le drame de notre vie démocratique, c’est de réduire la sobriété au fait de couper la WiFi, de porter un col roulé ou de baisser le chauffage, alors que cette nécessaire sobriété sous-tend un impératif de justice sociale, dans un pays qui dénombre 12 millions de précaires énergétiques, et de réorganisation de toute l’économie pour tenir enfin compte des limites de la planète.

Pascal Blain Par Pascal Blain