Inventaire participatif

Durant sa période de floraison, Jura Nature Environnement a pour projet de mettre à jour les connaissances sur les stations du Jura.

***JNE, association reconnue d’intérêt général, compte à son actif plus de 40 ans d’actions au service de la préservation de la nature jurassienne. L’objectif est de valoriser cette plante comme espèce parapluie à l’occasion de rencontres avec des acteurs du territoire, agriculteurs et élus notamment. La protection de cette espèce dont l’étendue du territoire est vaste permettrait en effet la protection d’un grand nombre d’autres espèces … Alors on compte sur vous pour aller à la rencontre de cette étonnante Liliacée et partager vos résultats : date, lieu - le plus précis possible - commune, effectif, remarques … Étudiante en Licence Sciences de la Vie mention biologie-écologie, Mahikan Raydelet pilote l’opération dans le cadre d’un stage qu’elle effectue au sein de l’association. ***

La Fritillaire pintade

Plante bulbeuse printanière, la fritillaire pintade (Fritillaria meleagris) est une vivace de la famille des Liliacées, comme les tulipes ou les jacinthes. Elle mesure entre 20 et 40 cm. Elle possède 3 à 5 feuilles lancéolées et étroites, et de jolies clochettes roses à violettes mouchetées. Grégaire, elle fleurit de fin mars à avril, voire mai en altitude. Selon les régions, elle porte de nombreux noms locaux évoquant sa forme ou sa couleur : Damier, Pintadine, Talibourneau, Cloche ou encore Pot-de-canne, Coquelourde, Chaudron ou Bonnet d’évêque… Elle a la réputation de repousser les taupes, mais aussi les rongeurs, grâce à son bulbe toxique.

Une endémique Européenne

Elle est présente dans les prairies de basse altitude à l’étage montagnard, sur des sols frais à humides, avec un apport en matière organique modérée. Elle affectionne les prairies temporairement détrempées à inondables et les mégaphorbiaies de bords de ruisseaux. L’espèce nécessite beaucoup de soleil mais elle peut supporter un léger ombrage. Assez rare en Franche-Comté, on la trouve dans la haute Vallée du Doubs ainsi que dans ses affluents et dans la vallée de l’Ain, mais aussi ponctuellement dans la vallée de la Thoreigne, en Bresse Comtoise (où elle a quasiment disparu), ainsi que dans quelques communes du Haut-Jura.

Une plante menacée

Classée quasi-menacée d'après la liste Rouge des plantes de Franche-Comté, elle est en déclin sur notre territoire. Son statut est beaucoup plus alarmant dans d'autres régions. Les principales menaces pesant sur sa survie sont le drainage, la mise en culture, la conversion en peupleraies, la fertilisation, la déprise agricole, l’enfrichement et la disparition des prairies humides, son habitat de prédilection.

Son habitat principal est la prairie humide, sous maintes formes comme la prairie alluviale inondable ou la forêt riveraine, aulnaie ou peupleraie. Encore abondants jadis, ses effectifs ont considérablement régressé depuis un demi-siècle, suite à la disparition de son biotope de prédilection, drainé et mis en culture, converti en peupleraie intensive ou fertilisé à outrance. Pour conserver ses populations, il faudrait « simplement » respecter son biotope : maintenir les prairies humides et des pratiques d’exploitation extensives - fauche tardive ou pression de pâturage raisonnée pour éviter le tassement du sol - mais aussi limiter/éviter fertilisants et traitements phytosanitaires dans les zones humides. La Fritillaire est considérée comme une espèce parapluie, c’est-à-dire que la protection de cet emblème permet la sauvegarde d’autres espèces vivant dans le même milieu. Valoriser la Fritillaire pintade, c’est donc sauvegarder les prairies humides, mais aussi le Cuivré des marais ou le Tarier des prés. Il y a urgence à engager une véritable politique de conservation des fonds de vallées, seule garante de la ressource en eau pour nos enfants.

Un inventaire participatif , Késaquo ?

Pour mettre à jour les connaissances relatives à la présence de cette espèce à enjeux, la Fédération JNE a opté pour un inventaire participatif. Il s’agit d’une méthode de recensement alliant les salariés de la structure et les bénévoles, ces derniers jouant un rôle déterminant. En effet, ils ont pour mission d’aller à la découverte de cette plante, d’en comptabiliser les individus et de rapporter l’information auprès de l’association. Les salariés ont ensuite pour tâche de synthétiser l’ensemble de ces données pour communiquer les résultats au Conservatoire Botanique. Cette méthode présente de nombreux avantages. Elle crée un lien entre l’association et ses bénévoles grâce à l’échange d’information. Elle permet également de sensibiliser le grand public à des espèces méconnues, en leur apportant des renseignements relatifs à leur écologie, mais surtout d’obtenir des données sur de plus nombreuses stations. De plus, elle permet une connexion des bénévoles avec la nature environnante. De ce fait, par cette action, ils se réapproprient un patrimoine parfois ignoré et auront donc une volonté plus forte de le préserver.

Mahikan Raydelet Par Mahikan Raydelet, étudiante en licence Sciences de la Vie

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